Épargner les finances publiques, favoriser les CAP
Pour répondre à la cour des comptes qui pointait une erreur de casting dans l'attribution de la
prime à l'embauche des apprentis, erreur qui favoriserait d'avantage les étudiants en Bac+ sans réel bénéfice pour les CAP-BEP, la prime pourrait passer à 6 000 euros pour tout le monde dès le mois de janvier, selon des “sources concordantes” annonce le journal
les Echos.Mais la consultation continue avec les partenaires sociaux, aucune déclaration officielle n'a encore été prononcée.
L’aide exceptionnelle à l’apprentissage et les deux aides exceptionnelles au contrat de professionnalisation s’appliquent encore jusqu’au 31 décembre 2022, date prévue de la fin du dispositif et du retour à
l’Aide Unique aux Employeurs d’Apprenti (AUEA).
Cependant, le projet de loi de finances rectificatives, présenté le 2 novembre au Conseil des ministres, accorde une nouvelle dotation d’équilibre de 2 milliards d'euros à France compétences. Ce signe, ajouté à celui des “sources concordantes” des Echos, laisse supposer que l’aide devrait bien ê tre de nouveau prolongée.
« Chantier prioritaire »
L'apprentissage restera donc un « chantier prioritaire » l'année prochaine, selon le mot d'Elisabeth Borne. Le gouvernement maintient le cap du million d'apprentis à la fin du quinquenat d'Emmanuel Macron, un joli challenge qui pourrait bien réussir si les conditions économiques et politiques ne se dégradent pas trop !
Les conséquences de la guerre en Ukraine, notamment la flambée des coûts de l'énergie, plombent le moral des dirigeants d'entreprise. Artisans ou RH de multinationales continueront-ils d'embaucher des apprentis en bac + avec une aide de 6 000 € ? On peut l'espérer. Mais pour les CAP et BEP un doute persiste, l'aide de 5 000 € existante ne parait pas avoir produit le succès escompté alors même qu'elle couvre déjà pratiquement la totalité du salaire d'un apprenti de 17 ans en première année d'apprentissage.
Une récompense de 500 € ?
On se demande, à cet égard, quelle est la pertinence d'une augmentation à 6 000 € qui dépasse le coût réel du salaire de l'apprenti (5 436 €) ! Il paraît peu probable que le gouvernement attribue un bonus de 500 € aux employeurs, en récompense de leur vertueux comportement, après la dure critique de la cour des comptes. L'argent ne suffit apparemment pas à convaincre les employeurs d'employer plus d'apprentis mineurs, des freins subsistent. Les Français conserveraient-ils cette « sorte de mépris social en direction des métiers manuels et industriels » qu'évoquait Myriam El Khomri, ministre du Travail en 2016 ? La ministre préconisait alors une « révolution culturelle » qui n'a pas dû se produire :)
Redistribuer les cartes
Au bord de la faillite, France Compétences, que le sénat a qualifié de “puit sans fond”, a été renfloué. Sans doute une redistribution des cartes était nécessaire. Mais attention de ne pas menacer l'équilibre fragile de cette réforme et le bénéfice évident qu'elle apporte aussi aux étudiants des milieux modestes qui financent leurs études supérieures grâce à l'apprentissage.