La réforme de l’apprentissage qui a vocation d’offrir aux plus grand nombre de jeunes une formation et un emploi doit s’écrire avec les acteurs et les prescripteurs de l’apprentissage. Régions, Chambres consulaires, syndicats, chambres professionnelles, écoles et CFA, en concertation avec le gouvernement, œuvrent en ce moment à son édification.
La concertation avance bien.
Après les régions qui se sont repliés dans les tranchées, c’est au tour des chambres consulaires de monter au créneau. Chambres de métiers et chambres de commerce s’unient pour publier un communiqué qui ressemble beaucoup à un manifeste. Les réseaux consulaires annoncent qu' « elles ont participé activement à la concertation, qu'elles formulent des propositions concrètes, en lien avec la réalité des besoins dans le but de remettre au cœur du dispositif les apprentis et les entreprises.»
On ne connait pas le détail des propos échangés dans la concertation avec le gouvernement mais la suite est moins tendre !
Quelques une des proclamations de ce manifeste en témoignent :
- « … donner envie aux jeunes et aux entreprise de « penser à l’apprentissage » : c’est déjà de l’apprentissage. »
- « … accompagner les entreprises pour identifier les apprentis, accompagner les apprentis pour trouver une entreprise: c’est toujours de l’apprentissage. »
- … prévoir et financer les dispositifs de formation pour demain : c’est bien évidemment de l’apprentissage. »
Toujours de l’apprentissage
Quelqu’un dans l’entourage de Muriel Pénicaud, ou Sylvie Brunet en charge du dossier, aurait il émit des doutes sur leurs compétences ? C'est de toute évidence une réponse à un affront qui ne s’essuie pas dans la dentelle.
- « … Cultiver le dialogue avec les entreprises, être à leur écoute et identifier les voies d’amélioration pour répondre au défi compétitivité : c’est toujours de l’apprentissage.. »
- « Accompagner la sortie de l’apprentissage et faciliter l’insertion professionnelle : c’est encore et toujours de l’apprentissage ! »
Muriel Pénicaud elle-même se serait elle permit ..? Une phrase malheureuse peut tout emporter, tellement les tensions sont exacerbées.
« une voie d’excellence et un système vertueux »
Heureusement, vers la fin, les chambres consulaires appellent à la célébration d’un « apprentissage qui n’est pas un dispositif, mais une voie d’excellence et un système vertueux ».
Plus consensuel.
La fuite à l’étranger
On s’interroge sur la manière employée par le gouvernement pour mener à bien ces concertations. La réussite de la ministre du travail dans ses précédentes missions ne doit pas devoir beaucoup à la diplomatie. A ce train là il ne restera bientôt plus personne pour s’occuper de l’apprentissage en France, exit les Régions, exit les Chambres des métiers, exit les Chambres de commerce.
Faudra t’il aller en Suisse pour former nos apprentis ?
Le conseiller Johann N. Schneider-Ammann, chef du Département fédéral de l'économie Suisse, se dit naturellement prêt à accueillir les apprentis attirés par les métiers qui réclament de la précision (fromage, chocolat, etc).
Reste que si ce manifeste expose assez clairement un bilan très positif de l’action des collectivités pour l’apprentissage, il y manque peut être une ou deux propositions originales pour améliorer ce vertueux système, cette voie d’excellence qui emploie avec succès 7% des jeunes français.
Les autres, les deux millions (1,8M) de jeunes qui n’ont ni formations, ni diplômes, ni emplois, pourraient être heureux d’y entrer.
La réforme qui se dessine ressemble bien à une révolution, mais sans doute pas la révolution Copernicienne chère à Muriel Pénicaud, plutôt celle des barricades de l’an I.
Et le manifeste de conclure :
« L’Apprentissage partout ! L’Apprentissage pour tous ! L’Apprentissage avec tous ! »
.. à la Bastiiiilleuuuu ..