Apprentissage, la fin de l'ascenseur social ?

Fin de l'ascenseur social, fin de la démocratisation des études supérieures ?

L’apprentissage, véritable moteur de la démocratisation des études supérieures, est aujourd’hui en danger. Alors que le gouvernement de Michel Barnier cherche à combler le déficit budgétaire à hauteur de 60 milliards d’euros, les jeunes en alternance se trouvent au cœur d’un plan d’économies qui menace directement leur avenir.

Moins de prime, plus de charges

Le 10 octobre 2024, lors de la présentation du projet de loi de finances pour 2025, le gouvernement a annoncé la réduction des aides à l'embauche des apprentis. La prime, autrefois fixée à 6 000 euros par contrat, pourrait être abaissée à 4 500 euros. Le ministère évoque aussi la possibilité de moduler ces aides selon le niveau de qualification ou la taille des entreprises, une piste qui semble plus cohérente mais qui n’a pas été retenue comme priorité.

À cela s’ajoute la modification des exonérations de cotisations salariales et patronales. Dès 2025, ces exonérations ne s'appliqueront plus qu’à hauteur de la moitié du Smic, contre 0,79 Smic actuellement. Concrètement, cela augmentera le coût pour les employeurs et réduira les salaires nets des apprentis les mieux rémunérés. Cette stratégie vise à générer 1,2 milliard d’euros d’économies.

Un recul de la mobilité sociale

Cette réforme frappe de plein fouet les jeunes des classes moyennes et populaires, ceux pour qui l’apprentissage est bien souvent la seule voie pour accéder aux études supérieures tout en gagnant un salaire. L'idée que les grandes entreprises puissent continuer à embaucher des apprentis sans aide de l’État est peut-être vraie pour les plus grandes, mais pour les PME et TPE, cette réduction pourrait signifier moins de contrats d’apprentissage, moins d'opportunités pour les jeunes d'accéder aux formations supérieures.

La suppression des subventions aux missions locales, qui accompagnent les jeunes éloignés de l’emploi, et des « emplois francs » est un autre coup dur. Pour de nombreux jeunes des quartiers populaires, ces aides sont vitales pour décrocher leur premier emploi. Leur disparition risque de creuser encore davantage les inégalités.

L'apprentissage aux pauvres, les études supérieures aux riches

En touchant directement l’apprentissage, ces mesures menacent de ralentir, voire de stopper, l’ascension sociale des jeunes issus des milieux défavorisés. L’apprentissage a permis à beaucoup de surmonter les barrières sociales et de gravir les échelons professionnels. Mais avec la réduction de la prime et l'augmentation des cotisations, les jeunes des milieux populaires se retrouveront, encore une fois, face à des obstacles supplémentaires.

La stratégie de Michel Barnier, en ne ciblant pas suffisamment les grandes entreprises, semble mal comprendre les réalités sociales des jeunes apprentis. Les aides à l’apprentissage ne sont pas un « cadeau », mais un levier pour l’insertion des jeunes les moins favorisés à de plus hauts niveaux de qualification sur le marché du travail. Ignorer cela, c’est risquer de renforcer la fracture sociale.

Un cadeau aux grandes entreprises ?

Le choix de ne pas prioriser la modulation des aides en fonction de la taille des entreprises soulève des questions. Pourquoi ne pas demander un effort plus important aux grandes entreprises, qui disposent des moyens nécessaires pour embaucher sans incitation financière ? En faisant supporter la charge sur tous les employeurs, sans distinction, le gouvernement envoie un signal équivoque, révélant la grande distance entre les élites politiques et les préoccupations réelles des classes moyennes et populaires.

Une chance de rectifier le tir ?

Rien n’est encore figé. Le gouvernement a laissé entendre que certains arbitrages pourraient être revus. Mais il est urgent que les décisions prises ne sacrifient pas l’avenir de toute une génération. La suppression de la prime à l’embauche et la réforme des cotisations pour les seules grandes entreprises serait une alternative plus juste, préservant ainsi le soutien aux PME/PMI et le maintien des salaires des jeunes les plus vulnérables.

L’apprentissage a été l’un des principaux moteurs de la baisse du chômage ces dernières années, bien plus qu’une simple option de formation. C’est un outil puissant de mobilité sociale. Les mesures qui le menacent aujourd’hui doivent être réévaluées avec la gravité qu’elles méritent.

Christophe Montoriol   -  13/10/2024

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