Au lendemain du premier tour des élections régionales, le Front National exultait avec un score jamais atteint dans un scrutin national. Il a pu y voir le succès de ses idées xénophobes, racistes et archaïques dans l'esprit des français.
La réalité est sans nul doute moins effrayante, les six millions de français qui ont déposé un bulletin Front National sont simplement exaspérés par le chômage qui progresse, déprimés par les attentats, et partant, peu optimistes pour l'avenir. Ces électeurs sanctionnent les politiques en place bien plus qu'ils n'approuvent les solutions portées par la famille Le Pen. Néanmoins rien ne semble arrêter la vague populiste qui menace de submerger la France aux prochaines élections présidentielles.
A moins que..
Parier sur un prochain sursaut républicain est hasardeux, le barrage à l'élection de Jean-Marie Le Pen aux présidentielles de 2002 a pu laisser un goût amer à nombre de citoyens. La droite républicaine, puis la gauche ont échoué à rétablir la confiance.
Mais peut on parier sur une amélioration de l'emploi ?
Aujourd'hui, après l'alarme, les responsables politiques proclament un changement radical.
Myriam El Khomri, ministre du Travail, annonce devant les parlementaires "Il y a des réalités dans notre pays qu'il faut regarder en face (...) notre chômage est un chômage de peu ou pas
qualifiés" et précise que près de deux millions de demandeurs d'emploi ont le niveau Baccalauréat et 680.000 un niveau scolaire inférieur au CAP.
Puis, plus tard «En matière d'apprentissage, en matière de formation des demandeurs d'emplois, il faut que nous allions bien au-delà (…) Avec toutes les régions qui souhaitent le faire avec nous, nous avons l'occasion de prendre ensemble des mesures radicales. » et appelle à « une révolution culturelle».
« Apprentissage, apprentissage! » le mot est dans toutes les bouches et tonitruant, surtout pour couvrir la voix du Front National qui a repris opportunément l'argument dans ses promesses de campagne, le mot est à la mode. Reste que si l'apprentissage ne prétend pas à lui seul résoudre les problèmes du chômage, il a des vertus que tout le monde est prêt à reconnaître aujourd'hui.
Le premier ministre Manuel Wals promet d'annoncer ces nouvelles mesures en janvier. Espérons que le père Noël aura été généreux et que le premier ministre chausse grand. Car en cadeaux on attend des idées, beaucoup d'idées, neuves et même, révolutionnaires :)
La rédaction de L'APPRENTI a déjà suggéré des pistes qu'on peut emprunter à la luge :
- Réformer le mode d'orientation dans les lycées et collèges pour y inclure l'apprentissage comme une voie pleine et entière, dépourvue de préjugés et de tabous.
- Encourager et resserrer les liens entre les entreprises et l'école pour amener les élèves à envisager leurs études avec une finalité : un métier!
- Vider la vieille hotte des inextricables mesurettes en aides financières et fiscales pour y substituer deux mesures fortes :
- emploi des apprentis sans frais pour les employeurs les deux premières années d'apprentissage (et pas seulement pour les jeunes de moins de 18 ans)
- Suivi et soutien actif des apprentis dans l'entreprise par les académies ou les CFA
Apprentissage et Education doivent être confondus et ne faire qu'un dans la république.
Combien cela va coûter ? Sans doute moins que ce que coûte à la société 150 000 jeunes qui sortent de l'école sans aucune qualification. Et qui pourraient bien voter Front National en 2017.
La révolution, quoi :)