Le salaire sera «pris en charge par l'Etat» a précisé le président de la république. Ces petites entreprises, moins de onze salariés, peuvent se réjouir de cette décision. Elles perçoivent aujourd'hui 2 000 € de prime à l'embauche d'un apprenti et sont exonérées des cotisations à l'exception de celles dues au titre des accidents du travail et des maladies professionnelles.
Mais le recrutement des plus jeunes en apprentissage est toujours à la peine. Certes l'apprentissage peut être considéré comme un investissement, mais les employeurs considèrent souvent l'inexpérience d'un apprenti mineur comme une charge que compense mal sa faible productivité.
A cet égard la nouvelle mesure qui prendra effet à la rentrée 2015 devrait être très largement incitative et lever des freins à l'embauche. Une chance pour les jeunes apprentis qui voient s'élargir les possibilités d'emploi. Plus d'emplois donc sans doute plus de choix, un luxe assez rare en ces temps de crise.
80.000 jeunes sont concernés selon le ministère qui ajoute «cela ne change rien à la rémunération touchée par l'apprenti», 364 à 772 euros mensuels selon l'année d'apprentissage pour un apprenti de moins de 18 ans (ndlr), et «la disposition ne concernera que la première année d'apprentissage».
Deux autres freins se lèvent également, comme l'assouplissement des règles sur les travaux en hauteur et les travaux interdits réputés dangereux (une simple déclaration préalable suffira) pour les apprentis mineurs.
Un geste positif, qui répond au moins en partie à la colère exprimée par le milieu éducatif professionnel, associations et syndicats qui ont vu plonger les entrées en apprentissage en 2015, historiquement bas (350 000), malgré trois ans d'agitation du gouvernement qui prétend toujours à son objectif de 500 000 apprentis en 2017. Mais pour François Hollande cette opération peut permettre d'atteindre 100 000 apprentis supplémentaires.
Un coup dans l'eau pour l'ANAF (Association des Apprentis de France) qui estime que «le coût zéro pour l'embauche d'apprentis mineurs ne suffira ni à inciter les entreprises, ni à rendre les jeunes plus efficaces au travail, ni à leur donner davantage l'envie d'apprendre». La plupart des organisations professionnelles et consulaires sont plus enthousiastes, comme l'Assemblée des Chambres de Métiers qui souhaite cependant que «consigne officielle soit donnée aux organismes publics d’orientation de présenter l’apprentissage comme une voie de formation valorisante».
Concernant la prime d'activité qu'il est prévu d'élargir en 2016, elle bénéficierait à «toutes les personnes qui sont dans ce qu'on appelle les petits boulots, l'intérim, le temps partiel, pour leur donner un avantage supplémentaire, pour que ça puisse être avantageux de continuer à travailler».
En l'état actuel, le projet de loi prévoit que cette prime d'activité sera ouverte à tous les actifs majeurs, mais pas aux apprentis ni aux étudiants salariés.
Mais il y aurait un amendement, ouf!
A la conférence de presse qui suivait le Conseil des ministres où le projet a été présenté, la ministre des Affaires sociales Marisol Touraine a précisé: «Le président de la République a souhaité clairement que ce dispositif puisse bénéficier aux jeunes qui travaillent quel que soit leur statut, [..] C'est la raison pour laquelle la prime d'activité sera élargie, par voie d'amendement gouvernemental présenté à l'Assemblée nationale, aux apprentis et aux étudiants qui travaillent dans des conditions qui leur permettent d'obtenir une rémunération au moins égale à 0,8 du Smic».
Cela signifierait que plus aucun apprentis ne pourraient gagner mois que 80% du SMIC! Autant tant dire que 80% serait le pourcentage du SMIC commun au salaire de tous les apprentis, sacré changement!